#MeToo, la révolution des femmes a besoin de la collaboration des hommes “chevaliers” pour transformer la société.
08/07/2018
Isabella Lenarduzzi | fondatrice et directrice JUMP "Empowering women, advancing the economy" Depuis 6 mois, il n’y a pas une semaine où le mouvement #MeToo ne fait pas de « victime ». Quand JUMP a sondé plus de 2 000 hommes en Europe pour savoir s’ils voulaient vraiment l’égalité au travail, 1 sur 4 a admis avoir déjà été l’auteur d’une remarque ou d’un geste non désiré (donc déplacé) à l’encontre d’une femme. Et pourtant quand une personne est interrogée, elle n’a jamais envie d’apparaître sous son mauvais jour. Si 1 homme sur 4 déclare lui-même qu’il se comporte mal, quelle est la réalité vécue par les femmes ? Voici ce que plus de 3 000 femmes nous ont répondu : Comment expliquer qu’au XXI ième siècle, les hommes maltraitent encore les femmes ? Le sexisme sert à prendre le pouvoir ou à le garder. Les entreprises peuvent faire tous les efforts du monde en faveur de la diversité, si les femmes ne se sentent pas autant écoutées, respectées et valorisées que les hommes, elles seront une majorité à partir ou à réduire leur niveau d’ambition pour ne pas s’exposer à la violence du pouvoir ou de la concurrence entre salariés pour y arriver. La diversité sans une culture inclusive apporte de la souffrance à tous ceux et celles qui sont différents de la norme dominante. Tous les hommes profitent de la réduction de la concurrence des femmes pour les postes de pouvoir alors qu’elles représentent 60% des diplômés universitaires en Europe. Reconnaître ses privilèges. Si nous voulons construire une société plus juste où tous les humains sont égaux, il faut d’abord reconnaître que certains ont des privilèges que d’autres n’ont pas. Si les hommes ne changent pas, la révolution #MeToo aggravera la guerre des sexes car les femmes se sentiront encore plus humiliées de ne pas avoir été écoutées malgré les millions d’entre elles qui auront enfin oser parler. Encore aujourd’hui, 8 femmes sur 10 qui dénoncent du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail quittent leur emploi. C’est la même chose pour les femmes victimes de violence conjuale qui sont obligées de quitter le domicile avec leurs enfants. Sans protection des victimes et sans volonté et mesures fermes contre l’agresseur, on ajoute de la souffrance à la souffrance. C’est à chacun d’entre nous de ne plus accepter et de ne plus se taire. Mais c’est avant tout aux hommes progressistes à se rebeller face à des comportements virils toxiques. Le silence c’est de la connivence. La société ne s’apaisera pas si les hommes ne transforment pas leur masculinité hégémonique en chevalerie. |