Les #hashtag anti harcèlement : pas une révolte, une révolution
03/11/2017
Isabelle Barth | linkedin.com Nous assistons à un extraordinaire mouvement de libération de la parole, celle des femmes harcelées sexuellement dans l’espace public et l’espace professionnel. Cette vague peut être perçue comme une révolte, en fait c’est une révolution.Pourquoi ? C’est une révolution car les normes qui régissent les relations entre hommes et femmes dans le monde du travail, et plus largement dans nos sociétés changent : nous assistons à un renversement de “ce qui est normal” et de “ce qui ne l’est pas”.
La normalité n’est plus celle d’un homme qui fait valoir son pouvoir et sa séduction à une femme supposée soumise et séductrice. La nouvelle normalité est celle du libre consentement dans une convention d’égalitévalable pour les hommes comme pour les femmes. Une relecture (rapide et donc imparfaite) du concept de stigmate et de stigmatisation d’Erving Goffman (1) nous aide à comprendre ce qui se joue actuellement, avec ces # sur les réseaux sociaux. Que nous transmet l’analyse de Goffman ?
Dans toute société, s’établissent des normes, c’est-à-dire des règles qui régissent les rapports entre ses membres. Il est essentiel de comprendre que ces règles sont CONSTRUITES par les personnes et n’ont aucune raison d’être EN SOI. Chaque collectivité établit donc des hiérarchies entre des catégories de personnes avec les “normaux” et les “autres”. Les “autres” sont considérés comme inférieurs, et même indésirables. Ce processus de dévaluation de certaines personnes est appelé par Goffman “stigmatisation”. Les personnes sont stigmatisées du fait d’un attribut et souvent mises à l’écart. Il est intéressant de savoir que le mot vient du grec « stigma » qui désigne une marque durable sur la peau et par là-même le signe que portaient des traîtres, des esclaves, des criminels, toutes personnes à éviter, et considérées comme pas humaines à part entière. Goffman reprend donc ce mot de “stigmate” pour tout “attribut” pouvant différencier une personne de la “normalité”, son analyse se centre sur le handicap. Qu’observe-t-il ? que les personnes en situation de handicap visible sont “discréditées”, “stigmatisées” par les normaux, ceux et celles qui sont en bonne santé. |